un automne de science-fiction #2
De Bradbury à Gibson : la nostalgie automnale dans les récits futuristes
L’automne est une saison paradoxale : à la fois flamboyante et mélancolique, lumineuse et annonciatrice de l’hiver. Dans la littérature de science-fiction, elle devient une métaphore du passage, du déclin et de la mémoire. De Ray Bradbury à William Gibson, deux figures majeures du genre, on retrouve cette tonalité automnale, qui teinte les récits futuristes d’une profondeur poétique.

Bradbury : la chaleur fragile de l’automne
Ray Bradbury, poète du futur autant que conteur, a toujours su capter les ambiances saisonnières. Dans ses nouvelles comme La Foire des ténèbres ou dans certaines pages des Chroniques martiennes, on sent la caresse d’un automne mélancolique.
- Les couleurs chaudes : Bradbury décrit des paysages où le feuillage rougeoyant devient une toile de fond aux aventures humaines.
- Le sentiment de perte : ses personnages vivent souvent des transitions, comme si l’automne représentait la fin d’une innocence.
- La nostalgie du quotidien : même projeté sur Mars, Bradbury ne cesse de rappeler la chaleur des souvenirs terrestres.
Chez lui, l’automne est un rappel de ce que l’humanité risque de perdre en s’élançant vers l’avenir.

Gibson : l’automne néon du cyberpunk
À l’opposé apparent, William Gibson, maître du cyberpunk, semble appartenir à une époque de néons et de pluie artificielle. Pourtant, l’automne se glisse dans ses récits, d’une manière plus diffuse et technologique.
- Un automne urbain : ses décors saturés de pluie et de grisaille évoquent les villes éternellement crépusculaires, où le soleil décline derrière les écrans publicitaires.
- Une nostalgie numérique : chez Gibson, la mélancolie automnale n’est pas celle des arbres, mais celle des souvenirs altérés, des technologies déjà obsolètes, des existences en déclin.
- L’esthétique du passage : comme l’automne marque la transition, ses personnages vivent dans un entre-deux : entre réel et virtuel, passé et futur, chaleur humaine et froideur des réseaux.
L’automne cyberpunk devient ainsi une saison intérieure, faite de nostalgie et de crépuscule électronique.

L’automne comme saison du futur
De Bradbury à Gibson, une même intuition traverse les récits futuristes : le futur n’est pas seulement expansion, mais aussi perte et mémoire.
L’automne incarne le temps qui s’effrite, un présent fragile déjà teinté de passé.
C’est aussi une esthétique de la beauté éphémère : qu’il s’agisse de feuilles mortes ou de pixels défaillants, tout finit par tomber.
Enfin, l’automne rappelle que même dans les mondes les plus lointains, l’humanité reste attachée à ses cycles intérieurs.

Conclusion : une nostalgie universelle
Bradbury nous offre l’automne des paysages et des souvenirs terrestres. Gibson, l’automne des néons et des mémoires artificielles. Mais tous deux partagent une conviction : la science-fiction n’est pas seulement anticipation, elle est aussi mémoire d’un monde qui se défait.
Ainsi, l’automne devient une saison universelle, terrestre ou futuriste, qui accompagne l’humanité dans ses rêves comme dans ses ruines.




